Carnet de poésie

5ème B

« L’aurore arrive au petit matin », Sylvie Andrieu

L’aurore arrive au petit matin
Avance sans voix à pas de satin
Faut-il noircir l’azur ou blanchir le marine
Quand la grande ourse disparait derrière la colline

Les grenouilles ne coassent plus
Les grillons aussi se sont tus
Les mammifères sont endormis
Et puis la brume a fait son lit

L’aurore est toujours dehors
Dans l’aurore il y a de l’or
Pour pouvoir peindre l’océan
Et faire se lever le vent

L’aurore s’en va au petit matin
Emportant mes rêves chagrins

Sylvie Andrieu met régulièrement des poèmes en ligne, notamment sur son blog.

« La dernière aurore », Luca Dufour

L'aurore bien tôt pointe son nez
Voyant le soleil arriver
Je ne peux que me tourmenter
Les pieds ancrés dans la rosée

Quand me dira-t-on au-revoir
Pas de moyen de s’égarer
Je n’arrête pas d'y penser
Le soleil et mon cœur vont choir

Quand je sens une chose apaisante
En même temps que les oiseaux chantent
Ah ce que mon cœur est bien las

Tout en soufflant tel un vent fort
Peu à peu disparaît l'aurore
Demain je ne serai plus là

« L’amour nous fait trembler », Charles Guérin

L'amour nous fait trembler comme un jeune feuillage,
Car chacun de nous deux a peur du même instant.
" Mon bien-aimé, dis-tu très bas, je t'aime tant...
Laisse... Ferme les yeux... Ne parle pas... Sois sage...

Je te devine proche au feu de ton visage.
Ma tempe en fièvre bat contre ton coeur battant.
Et, le cou dans tes bras, je frissonne en sentant
Ta gorge nue et sa fraîcheur de coquillage.

Ecoute au gré du vent la glycine frémir.
C'est le soir ; il est doux d'être seuls sur la terre,
L'un à l'autre, muets et faibles de désir.

D'un baiser délicat tu m'ouvres la paupière ;
Je te vois, et, confuse, avec un long soupir,
Tu souris dans l'attente heureuse du mystère.

Charles Guérin est né le 29 décembre 1873 à Lunéville, il est mort le 17 mars 1907 à Lunéville. C’est un poète français. Voici quelques œuvres qu’il a écrites :
Joies grises 1894.
Le Sang des Crépuscules,1895
Le Cœur Solitaire,‎ 1898.

« L’amour nous fait trembler », Léonie Jatteau

L’amour est une douceur, un soulagement,
Regarder derrière, te voir fragilisée,
Ta présence m’envahit avec volupté
D’un frisson triste, amoureux et violent.

« Mon rêve familier », Paul Verlaine

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout a fait la même
Ni tout a fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon cœur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? - je l'ignore.
Son nom ? je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

Paul Verlaine est un poète français né à Metz le 30 mars 1844 et mort à Paris le 1896.
Il s'essaie à la poésie et publie son premier recueil,Poèmes saturniens en 1866 à 22 ans. Sa vie est bouleversée en septembre 1871 quand il rencontre Arthur Rimbaud.

« Un rêve étrange », Pauline Didelet

Chaque nuit je fais souvent ce rêve étrange
De cette silhouette que je ne connais pas
Je ne vois pas son visage, elle ne parle pas
Et si cette personne pouvait être un ange ?

Est-ce un homme ou une femme ? Je l'ignore encore.
Et si cette personne avait un cœur en or ?
J'aimerais tellement pouvoir la connaître
Peut-être aurais-je moins de mal-être ?

Et si cette personne ne me voyait pas ?
Que se passerait-il si l'on se rencontrait ?
Pourrions-nous discuter sans avoir d'embarras ?

Mais pourquoi je ne peux pas approcher cette ombre ?
Et si cette personne n’était qu'un mirage ?
Alors ma vie, deviendrait encore plus sombre…

« Délabrement », Charles Cros

Comme un appartement vide aux sales plafonds,
Aux murs nus, écorchés par les clous des peintures,
D’où sont déménagés les meubles, les tentures,
Où le sol est jonché de paille et de chiffons,

Ainsi, dévasté par les destins, noirs bouffons,
Mon esprit s’est rempli d’échos, de clartés dures.
Les tableaux, rêves bleus et douces aventures,
N’ont laissé que leur trace écrite en trous profonds.

Que la pluie et le vent par la fenêtre ouverte
Couvrent de moisissure âcre et de mousse verte
Tous ces débris, horreur des souvenirs aimés !

Qu’en ce délabrement, une nouvelle hôtesse
Ne revienne jamais traîner avec paresse,
Sur de nouveaux tapis, ses peignoirs parfumés !

Charles Cros est un poète et un inventeur français. Il partagea le goût de son temps pour le progrès et la technique : il pressent le cinéma, le journal parlé...et bien d'autres inventions encore ! Il se lie avec de nombreux artistes, dont Verlaine.

« Depuis son départ », Zoé Lamare

Depuis ce jour elle est partie
Sans un regard sans un au revoir
Notre maison a perdu toute vie
Je n'ai qu'une envie : me mettre à boire

Depuis ce jour, j'ai perdu un bout de moi,
Je suis perdu quand tu n'es pas là
Nous nous étions promis une chose,
De connaître la vie en rose

Depuis ce jour
Plus personne ne rentrait
C’était sa propriété privée

Depuis ce jour,
J'attendais son retour
En pensant à ses cheveux de velours

« Le cancre  », Jacques Prévert

Il dit non avec la tête
mais il dit oui avec le coeur
il dit oui à ce qu’il aime
il dit non au professeur
il est debout
on le questionne
et tous les problèmes sont posés
soudain le fou rire le prend
et il efface tout
les chiffres et les mots
les dates et les noms
les phrases et les pièges
et malgré les menaces du maître
sous les huées des enfants prodiges
avec les craies de toutes les couleurs
sur le tableau noir du malheur
il dessine le visage du bonheur.

Jacques Prévert est un poète et scénariste français, né le 4 février 1900 à Neuilly-sur-Seine, et mort le 11 avril 1977 à Omonville-la-Petite.

« Le Cancre », Nolann Fleury

il est contre toute éducation
Il n'aime pas les questions
Il ne veut pas apprendre
Quand on lui demande
Combien font quatre fois deux
Il répond vingt-deux
Pour lui l'école représente
"le bébétisme"
Sous les ruées de moqueries
Il souffre de sa bêtise
Et de sa faignantise
Mais ce petit garçon
Est loin d'être un démon
Il pourrait être très bon

« Soyez popo », Louis Calaferte

Soyez popo
Soyez poli
Soyez Polack
Politique ou polythéiste
Polyglotte ou polyvalent
Soyez popo
Soyez pochard
Soyez popo
Soyez podagre
Polission ou Polichinelle
Polygame ou du populo
Soyez popo
Soyez peau d'âne
Mais surtout ne soyez pas poète
C'est un poète qui vous le dit

Louis Calaferte est un écrivain français né le 14 juillet 1928 à Turin et mort le 2 mai 1994 à Dijon. Garçon de courses à treize ans dans une usine de piles électriques puis manœuvre, il commence son œuvre littéraire par le théâtre.

« Soyez crocro », Zoé Lamare

soyez crocro
soyez crodane
crodane mais pas crocrodile
soyez riri
soyez rivale
rivale mais pas rafale
soyez mémé
soyez aimé
aimé mais pas détesté
soyez popo
soyez poli
polis mais pas ennemis

« Soyez baba », Anaïs Lioux

Soyez baba
Soyez barbier
Soyez babouche
Barbe à papa ou baba au rhum
Babar ou barbinou
Soyez baba
Soyez baratineur
Soyez baba
Barbu ou bourreau
Soyez babouin
Mais surtout ne soyez pas barbare,
C’est un barbare qui vous le dit.

« L’ogre avait beau manger », Guillevic

L’ogre avait beau manger,
Avaler, dévorer,
Des chevreuils vivants,
Des ventres d’enfants,

Des yeux de taureau,
Des fleurs de sureau;

Il avait beau manger
Jusqu’aux plumes de geai,

Rien ne rendait
Sa chair plus gaie.

Eugène Guillevic, né à Carnac le 5 août 1907, et mort à Paris le 19 mars 1997, est un poète français. Il ne signa jamais ses nombreux recueils que de son seul nom, Guillevic

« L'ogre », Nolann Fleury

L'ogre avait beau ne pas se nourrir,
Il se sentair rassasié,
Comme s'il mangeait pour dix.
Mais il ne mangeait pas;
Même pas un bout de nougat;
Ou bien du bout de chocolat;
Pourquoi pas de la barbe à papa ?
Tout cela ne passait pas.
Le pauvre mourut plus tard,
Il était malade sans le savoir.

« La fourmi  », Desnos

Une fourmi de dix-huit mètres
Avec un chapeau sur la tête
Ça n'existe pas ça n'existe pas

Une fourmi traînant un char
Plein de pingouins et de canards
Ça n'existe pas ça n'existe pas

Une fourmi  parlant français
Parlant latin et javanais
Ça n'existe pas ça n'existe pas

Et pourquoi pas ?

Robert Desnos est né le 4 juillet 1900 à Paris et est mort le 8 juin 1945. C’est un poète français. Voici quelques œuvres qu’il a écrites :
Les gorges froides 1926
La Liberté ou l'Amour 1927
Les Ténèbres 1927

« La fourmi », Léonie Jatteau

Une fourmi cousant bonnet
Echarpe, mitaine et bérêt
C’est impossible ! C’est impossible !

Une fourmi montant cheval
Rose et licorne idéale
C’est impossible ! C’est impossible !

Une fourmi dansant java
Danse du ventre et cha-cha-cha,
C’est impossible ! C’est impossible !

Je suis sûr que si !

« La dernière feuille;», Théophile Gautier

Dans la forêt chauve et rouillée
Il ne reste plus au rameau
Qu’une pauvre feuille oubliée,
Rien qu’une feuille et qu’un oiseau.

Il ne reste plus dans mon âme
Qu’un seul amour pour y chanter,
Mais le vent d’automne qui brame
Ne permet pas de l’écouter.

L’oiseau s’en va, la feuille tombe,
L’amour s’éteint, car c’est l’hiver.
Petit oiseau, viens sur ma tombe
Chanter, quand l’arbre sera vert !

Théophile Gautier est né à Tarbes le 30 août 1811 et mort à Neuilly-sur-Seine le 23 octobre 1872, c'est un poète, romancier et critique d'art français.

« L’arbre de la vie », Baptiste Dhenin

Toi à qui nous laisserons notre descendance
Le vent dans tes branches te fait chanT
Alors on dirait bien que tu danses
Tes branches toutes désarcoladées

Chez toi tout est beau, même ton houx
Tout hémutrilant, je t'entends chanter
Toi qui nous abrites, merci pour nous
Ta végétation collisive est aimée

Caché sous ton ombre, moi je fais des vers
Si tu meurs un jour ce sera l'enfer
La flamme brûle ton bois, quel horreur !!!

Certaines saisons tes jolies fleurs
Jaillissent tel un feu d'artifice
Je dois te préserver pour mes fils

« Être Ange », Jacques Prévert

Être Ange
C’est Étrange
Dit l’Ange
Être Âne
C’est étrâne
Dit l’Âne
Cela ne veut rien dire
Dit l’Ange en haussant les ailes
Pourtant
Si étrange veut dire quelque chose
étrâne est plus étrange qu’étrange
dit l’Âne
Étrange est !
Dit l’Ange en tapant du pied
Étranger vous-même
Dit l’Âne
Et il s’envole.

Jacques Prévert est un poète et scénariste français, né le 4 février 1900 à Neuilly-sur-Seine, et mort le 11 avril 1977 à Omonville-la-Petite.

« Être girafe », Pauline Didelet

Être girafe
C'est êtrafe
Dit la girafe.
Être panda
C'est êtranda
Dit le panda.
Cela ne veut rien dire !
Dit la girafe.
Pourtant, si êtrafe veut dire quelque chose,
Pourquoi êtranda ne voudrait rien dire ?
Dit le panda.
D’après vous, êtrafe est étrange ?
Oui !
Mais d’après moi êtranda étrange est !
Étrangère vous même !
Dit le panda en s'epanda
Et il alla manger dans les arbres.

« Être vu », Cloé Cosnard

Être vu
ce n'est pas avoir disparu
dis tu
être rose
ce n'est pas prose
dit rose
cela ne veut pas dire grand chose
dis tu en haussant la tête
Pourtant
si avoir disparu veut dire quelque chose
la prose en est toute chose
dit rose
disparu es-tu ?
dis tu en tapant du pied
Disparu toi même
et elle disparut.

Jacques Charpentreau est un écrivain et poète Français né en Vendée le 25 décembre 1928 et mort à Paris le 08 mars 2016.

« L’arbre », Jacques Charpentreau

Perdu au milieu de la ville,
L'arbre tout seul, à quoi sert-il ?

Les parkings, c'est pour stationner,
Les camions pour embouteiller,
Les motos pour pétarader,
Les vélos pour se faufiler.

L'arbre tout seul, à quoi sert-il ?

Les télés, c'est pour regarder,
Les transistors pour écouter,
Les murs pour la publicité,
Les magasins pour acheter.

L'arbre tout seul, à quoi sert-il ?

Les maisons, c'est pour habiter,
Les bétons pour embétonner,
Les néons pour illuminer,
Les feux rouges pour traverser.

L'arbre tout seul, à quoi sert-il ?

Les ascenseurs, c'est pour grimper,
Les Présidents, pour présider,
Les montres pour se dépêcher,
Les mercredis pour s'amuser.

L'arbre tout seul, à quoi sert-il ?

Il suffit de le demander
A l'oiseau qui chante à la cime.

« Le Sapin », Baptiste Dhenin

Perdu dans la montagne,
Le sapin tout seul, à quoi sert-il?

Le chasse neige, c'est pour damer,
Les skis, pour skier,
Les luges, pour glisser,
La neige, pour rigoler.

Le sapin tout seul à quoi sert-il ?

La laine du mouton, c'est pour s'habiller,
Les vaches, pour ruminer
Les chiens de berger, pour garder
Les loups, pour chasser.

Le sapin tout seul, à quoi sert-il ?

Les raquettes, c'est pour marcher,
Les bâtons, pour s'aider,
Le sac à dos, pour transporter
Le refuge, pour se réfugier.

Le sapin tout seul, à quoi sert-il ?

La truffade, c'est pour allécher
Le genépi, pour alcooliser,
La fondue, pour se régaler
La tartiflette, pour savourer.

Le sapin tout seul, à quoi sert-il ?

Il suffit de le demander
A l'écureuil roux qui mange les cônes