Steven Spielberg, Il faut sauver le soldat Ryan

le cimetière côté plage d'Omaha Beach

Le cimetière américain de Colleville-sur-Mer (Normandy American Cemetery and Memorial) est un cimetièremilitaire américain, situé juste au-dessus de la plage d’Omaha Beach, dans la commune de Colleville-sur-Mer dans le Calvados, sur l'un des sites du débarquement allié du 6 juin 1944. C'est le lieu où sont filmées la première et la dernière scène du film Il faut sauver le soldat Ryan.
Le Cimetière américain est de forme globalement rectangulaire. Ses allées principales forment une croix latine.
Il accueille environ 1 million de visiteurs par an et est le cimetière américain le plus visité. Un centre pour visiteurs a ouvert le 6 juin 2007. Les États-Unis y ont investi 30 millions de dollars pour retracer le débarquement. Dans une des salles, une bande-son cite en permanence le nom des soldats américains morts au combat.

Historique

Inauguré officiellement en 1956 avec son mémorial, ce cimetière honore les soldats américains morts pendant la bataille de Normandie lors de la Seconde Guerre mondiale. Cette nécropole de 70 hectares est installée sur les hauteurs qui surplombent la plage d'Omaha Beach, Le littoral à cet endroit est protégé.

Le cimetière a remplacé un premier cimetière provisoire dit de Saint-Laurent établi à proximité dès le 8 juin 1944. Le don d'une terre aux Américains pour y établir un cimetière est prévu dès 1943, pendant la préparation de l'opération Overlord. Il s'agissait du premier cimetière militaire américain de la Seconde Guerre mondiale. Il a été conçu par Harbeson, Hough, Livingston & Larson et l’espace a été arrangé par l'architecte paysagiste Markley Stevenson qui a fait en sorte que de n'importe quel angle, on voit une rangée de croix. À l’entrée du cimetière, une statue en bronze de 7 mètres de haut, à l'intérieur du demi-cercle formé par la colonnade du mémorial, fait face aux carrés des tombes. Elle symbolise « L'Esprit de la jeunesse américaine s'élevant des flots ». Cette statue est entourée de galets symbolisant la difficulté des tanks à passer la plage. Les stèles de marbre blanc sont en forme de croix latine ou en forme d'étoile de David pour les soldats de confession juive.

"Here rests in honored glory a comrade in arms known but to God", élégante formulation de « soldat inconnu »

Personnes enterrées

Dans le cimetière sont enterrés les corps de 9 388 personnes, dont 307 inconnus, quatre femmes. En tout on compte 9384 militaires et 4 civils. Ces personnes sont principalement décédées le jour du débarquement ou dans les semaines suivantes en Normandie, principalement au combat. Près du monument mémorial, dans le « jardin des disparus », se trouvent les noms de 1 557 soldats disparus. 3 titulaires de la Medal of Honor morts en Normandie reposent à Colleville, dont le général Theodore Roosevelt Junior (1887-12 juillet 1944) (le fils ainé du président des États-Unis Theodore Roosevelt et lointain cousin du président Franklin Roosevelt), le lieutenant Jimmie Monteith (1917 - 6 juin 1944 à Omaha Beach) et Frank Peregory (1916 - 12 juin 1944).

Capsule temporelle

Enterrée dans la pelouse directement vis-à-vis de l'entrée de l'ancien bâtiment des visiteurs, une capsule temporelle sauvegarde des journaux et des dépêches annonçant le débarquement du 6 juin 1944 en Normandie. La capsule est recouverte d'une dalle de granit rose sur laquelle est gravée : «To be opened June 6, 2044». Apposée au centre de la dalle il y a une plaque en bronze ornée avec les cinq étoiles d'un général de l'armée américaine et gravée avec l'inscription suivante : « In memory of General Dwight D. Eisenhower and the forces under his command. This sealed capsule containing news reports of the June 6, 1944 Normandy landings is placed here by the newsmen who  were here, June 6, 1969.»

Administration

Le territoire du cimetière est une concession perpétuelle faite par la France aux États-Unis, comme il est d'usage pour tous les cimetières militaires relatifs aux deux guerres mondiales. Il ne bénéficie pas de l'extraterritorialité. Le cimetière est géré par l'American Battle Monuments Commission, agence indépendante du gouvernement américain.

Les frères Niland à l'origine du scénario du film

C'était quatre frères américains originaires de Kenmore, dans l'État de New York, servant tous dans l'armée américaine durant la Seconde Guerre mondiale. Sur les quatre, deux survécurent mais on pensa un moment qu'un seul, Frederick Niland, avait survécu. Frederick fut alors retiré du front de Normandie et renvoyé aux États-Unis pour terminer sa période militaire. Il apprit seulement après la guerre que son frère Edward, présumé mort, était en fait interné par les Japonais dans un camp de prisonniers en Birmanie.
Le film Il faut sauver le soldat Ryan, s'inspire de cette histoire.

Les quatre frères étaient :

  • Sergeant Frederick Niland (1920-1983), 501e régiment d'infanterie parachutiste, 101e division aéroportée américaine
  • Technical Sergeant Robert Niland, compagnie D, 505e régiment d'infanterie parachutiste, 82e division aéroportée américaine (tué le 6 juin 1944 en Normandie, il se porta volontaire avec deux de ses camarades pour retarder une avance allemande alors que sa compagnie se repliait, ses deux camarades survécurent)
  • Lieutenant Preston Niland, 22e régiment d'infanterie américaine, 4e division d'infanterie américaine (tué le 7 juin 1944 en Normandie)
  • Technical Sergeant Edward Niland, pilote de l'United States Army Air Forces. Son bombardier fut abattu le 16 mai 1944

Les deux frères Preston et Robert Niland sont enterrés côte à côte au cimetière américain de Colleville-sur-Mer.

la tombe du Capitaine Miller dans le film

Dans le film, l'Etat-Major découvre que la famille Ryan va recevoir simultanément trois lettres pour les décès de trois frères : un à Omaha Beach (montré mort sur la plage dans la séquence débarquement), un à Utah Beach, un en Nouvelle-Guinée. Il est alors décidé de rapatrier le quatrième James Francis Ryan, soldat de la 101ème Airbone. D'ailleurs, Ryan âgé dans le cimetière porte sur son blouson un petit écusson de la 101ème Airbone reconnaissable à la tête d'aigle,  Il n'existe pas de Capitaine Miller, le personnage est purement fictif, la tombe a été ajoutée puis retirée pour les besoins du film. On observe que la croix est située en bordure de carré et qu'elle apparaît plus grande à l'écran et pas dans l'alignement des autres. Sans doute par respect du lieu, aucune autre croix avec les noms Ryan n'a été montrée. 14 000 dépouilles, d'abord inhumées en Normandie, ont été rapatriées aux États-Unis, à la demande de leurs proches. On peut supposer que ce fut la demande de la famille fictive Ryan.
La première scène dans le cimetière prélude la scène du débarquement, sachant que ce qu'il ne peut s'agir des souvenir de Ryan qui fait partie des troupes aéroportées.

Dans la scène finale, il est question du sentiment de culpabilité de Ryan et de son questionnement sur sa vie après la guerre : « ai-je été digne du sacrifice de Miller ?». Ryan semble avoir vécu toutes ces années hanté par la nécessité d'être digne du don fait en son nom. Cette question étant posée dans un cimetière au milieu de croix chrétiennes, après avoir présenté un personnage aux qualités exceptionnelles, confère une dimension presque christique au personnage de Miller alors qu'il obéissait aux ordres de son État-major. Ces deux scènes ont un rôle de rappel historique mais ont une dimension religieuse notamment chrétienne probable, comme dans beaucoup d'œuvres littéraires, artistiques, cinématographiques américaines.

Symbolique aux États-Unis

Par son emplacement devant Omaha Beach et les soldats qui y sont enterrés, beaucoup sont morts le jour J, le lieu revêt une symbolique particulière. Tous les présidents américains en exercice depuis Jimmy Carter se sont rendus au cimetière de Colleville (sauf George H. W. Bush qui n'y a effectué qu'une visite privée en 1995) : Ronald Reagan en 1984 (pour le 40e anniversaire du débarquement), Bill Clinton en 1994 (pour le 50e anniversaire du débarquement), George W. Bush en 2002 (pour le Memorial Day) et en 2004 (pour le 60e anniversaire du débarquement), le dernier en date étant Barack Obama le 6 juin 2009 (pour le 65e anniversaire du débarquement). Les discours de ces visites ont souvent servi aux présidents américains à appuyer la politique étrangère du moment.

Culture

Il apparaît dans La Malédiction (1976) de Richard Donner.
La Symphonic Prelude (The Cemetery at Colleville-sur-Mer) de Mark Camphouse est une référence au lieu.

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